Le Traître

Le Traître

Le Traître (roman), Editions Slatkine, 2010

Un Suisse étudiant la musique au Caire découvre qu’un ami proche est impliqué dans des attentats-suicide en Israël. Un thriller haletant ainsi qu’une réflexion sur l’amitié, la morale et le fonctionnement intime du conflit israélo-palestinien.

« Ce roman traite du conflit israélo-palestinien avec un recul bienvenu et une certaine réflexion philosophique sur la difficulté à identifier les bons et les méchants dans cette guerre. Se lit d’une traite. »
Entreprise romande

« C’est l’une des forces du livre que de donner consistance et rationalité à ce qui ne semble pas en avoir, et est commodément appelé « fanatisme ».
Le Courrier

« Une histoire limpide qui refuse le manichéisme, une plongée dans les rues du Caire où, comme partout ailleurs, il est difficile de maîtriser quoi que ce soit. »
Genève Hebdo

Des blocs de béton bloquaient la rue au fond de laquelle était située l’ambassade israélienne. Des policiers de la sûreté générale montaient la garde sur le trottoir. Deux types en complet cravate étaient affalés sur des chaises de jardin, radio VHF à la hanche et pistolet mitrailleur en bandoulière. J’ai avisé un garçon qui sortait d’un immeuble voisin.

– Eh, mon frère, tu peux m’aider ?

– Qu’est-ce qu’il y a ?

– Je me sens mal, j’ai besoin d’aller aux toilettes.

Il m’a regardé l’air méfiant.

– Tu travailles à l’ambassade ?

– Non, heureusement ! J’ai rien à faire avec ces gens-là, je suis suisse.

Il a souri.

– La Suisse, pays de la paix. Ahlan wa sahlan (bienvenue) !

Je l’ai suivi dans l’escalier. Nous sommes montés au deuxième étage. Il est rentré le premier et je l’ai entendu parler avec une femme, probablement sa mère. Puis il est réapparu et m’a fait signe d’entrer. Je me suis déchaussé et je l’ai suivi. Le garçon m’a donné des tongs et je me suis enfermé aux toilettes. Je suis resté un moment pour donner le change.

– Ça va ? m’a-t-il demandé quand je suis ressorti.

– Euh, je me sens un peu fatigué. Je crois que je suis malade. Est-ce que je peux me reposer un moment ?
Il beet beetak (la maison est à toi).

Il m’a conduit au salon. C’était une petite pièce dont le sol était recouvert d’un tapis râpé, et trois côtés occupés par des fauteuils d’un style pastichant le mobilier français du XIXe siècle. Au mur pendaient des images sacrées. Mes hôtes étaient coptes. Je me suis installé près de la fenêtre. Elle donnait sur la rue. Juste ce qu’il me fallait.